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[Analyse] La BNA Bank continue à recueillir les fruits de son plan de transformation

ISIN : TN0003100609 - Ticker : BNA
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Première banque du secteur public, la BNA a affiché en 2019 des réalisations conformes aux promesses de son dernier appel au marché. Le vaste plan de transformation lancé en 2015 va bon train et continue à porter ses fruits au niveau des indicateurs de la banque publique. L'intermédiaire en Bourse Tunisie Valeurs revient sur les éléments saillants de 2019 et présente ses prévisions et les perspectives d'avenir de la banque. Analyse.

Après une année 2018 terne sur le front des dépôts, la BNA s'est voulue plus agressive en 2019. L'encours des dépôts de la banque publique s'est apprécié de 9% à 8,5 milliards de dinars l'année dernière, une performance en ligne avec les prévisions annoncées lors de la dernière augmentation de capital. La morosité des dépôts à vue (+3% à 2,2 milliards de dinars) a orienté la banque vers les ressources onéreuses, en l'occurrence les dépôts à terme. Cette catégorie de ressources a réalisé une croissance de 18% à 3,5 milliards de dinars.

Le coût des ressources de la BNA s'est naturellement ressenti, de la hausse des taux enregistrée l'année dernière et de l'appétit manifesté par la banque pour les dépôts à terme. Le coût apparent des ressources a augmenté de 1 point de taux à 6,4%, soit le coût le plus élevé à l'échelle du secteur.

Favorisée par la levée de fonds propres opérée l'été dernier (167 MDT), l'activité de crédit a accéléré la cadence en 2019. La croissance des engagements est ressortie à 12%, dépassant la barre symbolique de 10 milliards. Cette performance conforme aux promesses de l'augmentation de capital vaut à la BNA de caracoler en tête des pourvoyeurs de crédits en Tunisie avec une part de marché de 15,3%, dépassant ainsi la BIAT.

La dynamique commerciale de la banque s'est accompagnée d'une meilleure diversification sectorielle. L'encours des engagements affiche aujourd'hui une physionomie assez intéressante avec une faible exposition aux secteurs pénalisés par la conjoncture (BTP, immobilier et tourisme). Par ailleurs, la BNA a renforcé sa présence dans le segment des crédits à la consommation, segment à faible risque et qui concentre, aujourd'hui, 18% de l'encours total des crédits contre 1% cinq ans plus tôt.

La banque a dépassé un cap de 654 MDT de PNB (+18%). La banque a puisé sa croissance essentiellement dans la marge d'intérêt (+22% à 406 MDT) et dans les commissions (+15% à 123 MDT). Le ralentissement des autres revenus (+9% à 125 MDT) comparativement à l'année 2018 (+16% en 2018) explique notamment le relâchement de la croissance du PNB observé en 2019 (+25% en 2018).

La BNA a affiché une amélioration notable de sa productivité sur l'année. La hausse du PNB a permis d'absorber l'augmentation des frais généraux (+9% à 290 MDT). Le coefficient d'exploitation a reculé de quatre points de pourcentage à 44%, s'alignant ainsi sur la moyenne du secteur.

Ce qui interpelle le plus dans les comptes de 2019, c'est la stagnation de la qualité du portefeuille. Avec un taux de créances classées de 16,9% et un taux de couverture de 56,5%, la qualité d'actifs de la BNA reste fragile. L'effet de dilution créé par les nouveaux crédits sains produits sur les dernières années (1,6 milliard de dinars distribués sur la période 2018-2019) a été limité et l'effort de provisionnement déployé reste en deçà des attentes. Il découle de ce qui précède, que la BNA devrait davantage sacrifier ses bénéfices dans les prochaines années pour améliorer son taux de couverture.

Tenant compte d'un stock de créances classées de 2,2 milliards de dinars (soit le plus élevé du secteur coté), il faudrait au moins deux années de bénéfices à zéro pour atteindre un taux de provisionnement de 70%.

Perspectives d'avenir et prévisions

L'avènement de la crise du COVID-19 assombrie les perspectives de croissance du secteur bancaire sur la période 2020-2021. Les retentissements économiques de cette crise et les mesures de soutien aux entreprises aux ménages devraient mettre sous pression la rentabilité et les fondamentaux des banques dans les prochaines années.

A l'image de ses consœurs, la BNA évoluera dans un environnement marqué par un assèchement des liquidités, une baisse du taux directeur depuis mars dernier et une augmentation des risques d'impayé. Eu égard au retard affiché par la banque au niveau de la qualité du portefeuille et sa marge de manœuvre limitée sur le ratio de transformation, la crise du COVID-19 devrait entamer l'élan de la BNA et amener le management à modérer ses ambitions de croissance sur la période 2020-2021.

Interpellé sur les impacts de la crise du COVID19 et de la migration vers les normes IFRS à partir de l'exercice 2021 sur les performances de la banque, l'équipe de direction s'est montrée confiante. Elle estime que les niveaux de solvabilité et de fonds propres actuellement atteints par la BNA (des fonds propres consolidés de 1,6 milliard de dinars fin 2019) lui permettront de faire face à ces deux défis et d'en absorber les surcoûts.

Coté chiffres, les analystes de Tunisie Valeurs pensent que la BNA devrait enregistrer en 2020 un important ralentissement de la croissance du PNB avec une progression du PNB de 4% à 683 MDT. Le résultat net part du groupe devrait quasiment stagner à 228 MDT.

En 2021, une progression du PNB de 4% à 711 MDT est estimée. Le résultat net part du groupe devrait être pénalisé par la hausse du coût du risque (+30% par rapport à 2019 à 170 MDT) et par l'augmentation des charges opératoires. Il devrait régresser, selon nos estimations, de 14% à 195 MDT.

Sur le plan stratégique, le management compte poursuivre son plan de restructuration impliquant des efforts d'investissement conséquents dans les moyens matériels et humains. Les investissements concerneront essentiellement l'extension du réseau (5 ouvertures par an), le relooking des anciennes agences (une enveloppe de 74 MDT) et la mise en place d'un niveau ERP Global Banking sur une période de cinq ans (pour un coût global de 52 MDT).

Opinion de Tunisie Valeurs

Avec une capitalisation de 608 MDT, la BNA affiche une valorisation basse compte non tenu des plus-values latentes sur son portefeuille de participations cotées et non cotées (d'une valeur aux livres nette de 128 MDT). Présentement, le titre se négocie à 2,7x ses bénéfices et 0,3x ses fonds propres estimés pour 2020.

Tunisie Valeurs met le titre sous surveillance et reste attentif quant à l'évolution des fondamentaux de la banque dans ses prochaines publications et recommande de conserver le titre.

Télécharger l'analyse de Tunisie Valeurs

Publié le 16/06/20 11:50

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